mardi 22 janvier 2013

II. A. Le mouvement de Montgomery, 1955-1956.

Le 1er Décembre 1955, Rosa Parks est arrêtée pour avoir enfreint les lois ségrégationnistes. Cette afro-américaine a refusé de céder sa place à un blanc malgré l'injonction du conducteur de bus. Les lois « Jim Crow », en vigueur entre 1876 et 1964, introduisent en effet la ségrégation dans les lieux publics et principalement dans les Etats sudistes des Etats-Unis. Ainsi, restaurants, trains, écoles et bus appliquent la séparation systématique des noirs et des blancs. En signe de contestation, les pasteurs de la ville, dont fait partie Martin Luther King, rédigent un tract appelant au boycott des lignes de bus de Montgomery. Il est utile de rappeler que les pasteurs agissent alors en chef de communautés et qu’ils ont un rôle influent au sein de la société noire. Leurs activités ne s'inscrivent pas seulement dans le cadre religieux mais elles peuvent aussi être sociales comme tenter de remédier à la pauvreté des noirs Américains. Ce tract est distribué aux noirs de Montgomery :

« Ne prenez pas l'autobus pour aller au travail, en ville, à l'école, ou à n'importe quel endroit, le lundi 5 décembre. Une autre femme noire vient d'être arrêtée et jetée en prison parce qu'elle a refusé de céder sa place dans l'autobus. Ne prenez pas l'autobus pour aller au travail, en ville ou à l'école, ou à n'importe quel endroit, lundi. Si vous travaillez, prenez un taxi ou partagez la voiture de quelqu'un d'autre, ou marchez à pied. Venez au grand rassemblement organisé lundi à 19 heures, dans l'église baptiste de Holt Street, pour y recevoir d'autres instructions. »  
Tract lancant le boycott des bus de Montgomery, 1955.


Le mode impératif sur lequel est écrit le tract traduit la volonté de donner des instructions à l'ensemble de la communauté noire, sur le mode de l’oralité et avec l’utilisation d’un vocabulaire simple, dans le but de la fédérer autour du boycott. De plus, le message est concis et touche toutes les franges de la population noire de la ville ; travailleurs (« pour aller au travail »), étudiants (« pour aller (…) à l'école ») ou encore, plus largement, à tous ceux à qui un déplacement est nécessaire ( « ou à n'importe quel endroit » ). Des solutions sont délivrées afin de remédier aux possibles problèmes que poseraient un boycott des bus (« prenez un taxi ou partagez la voiture de quelqu'un d'autre, ou marchez à pied »).




Noirs de Montgomery appliquant le boycott des bus, domaine public, 1955.
Outre la déségrégation des bus de Montgomery, le mouvement demande que les conducteurs noirs ne soient pas uniquement affectés sur les lignes traversant les quartiers à prédominance noire et la garantie d'une attitude courtoise de la part des conducteurs. La MIA, association supervisant le mouvement et dont Martin Luther King en a été élu président, met en place un système de taxis conduits par des citoyens, mettant ainsi leur véhicule à la disposition des boycotteurs. Quelques Blancs en font partie. Mais le mouvement se heurte rapidement à la répression des autorités – blanches – de la ville. En effet, le commissaire de police Sellers, adjoint au maire de la ville, interdit aux taxistes Noirs de pratiquer un rabais au profit des usagers Noirs, afin de continuer à pouvoir se déplacer en dépit du boycott des bus. Les autorités refusent toute négociation, et accuse notamment le révérend d'être un obstacle à une solution afin de diviser le mouvement. Des accusations calomnieuses sont également lancées : ainsi, Martin Luther King est accusé de s'être offert une Cadillac et un break Buick pour sa femme. Un article annonçant qu'un accord a été trouvé entre « trois émiments pasteurs noirs » et les autorités municipales a été publié, afin de faire croire à la fin du mouvement et inciter au retour dans les bus des usagers. Des arrestations sont effectuées à l'occasion d'infractions mineures à la circulation et souvent fumeuses. De ce fait, le révérend est arrêté et conduit en prison pour un excès de vitesse de 8 kilomètres/heure. Il est libéré sous caution. Mais un attentat raté à la bombe a lieu contre sa maison, en ne faisant que des dégats matériels. Un an après le décléchement du boycott, King et d'autres dirigeants sont inculpés pour avoir violé une vielle loi anti-boycott. Il est déclaré coupable et condamné à un an d'emprisonnement ; le verdict fait l'objet d'un recours en appel. Durant la révision du procès, le 13 Novembre 1956, la Cour suprême des Etats-Unis déclare anticonstitutionnelles les lois ségrégationnistes en vigueur dans les Etats sudistes et à Montgomery. Un spectateur s'exclame « Le Seigneur tout puissant s'est exprimé à Washington ! ». La fin du boycott est voté le 21 Décembre 1956, et Martin Luther King est l'un des premiers passagers des bus désormais non-ségrégationnistes. 
 Déségragation effective dans les bus, Ernest Withers, 1956.
 

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