jeudi 24 janvier 2013

II. C. Le mouvement d'Albany.

Arrestation du leader par la police après une prière collective, 1962, Beaumont.
Le mouvement d'Albany naît en 1961 dans l'Etat de Géorgie. Le mouvement n'est pas l'œuvre de Martin Luther King, mais du Dr W. G Anderson. C'est donc la preuve que le mouvement de Montgomery, instigué par le pasteur en 1955, a permis l'avènement de plusieurs mouvements locaux, comme celui d'Albany, mais aussi comme celui d'Atlanta ou les freedom rides et ce, malgré l'élection du démocrate Kennedy qui a lancé une campagne prudente en faveur des droits civiques. Son accession à la Maison Blanche a notamment été possible grâce au vote des noirs. La ville sudiste d'Albany compte 26 000 noirs en 1961. Outre la fin de la ségrégation au sein des écoles, ils demandent la fin du déni de leur droit de vote, la fin de la discrimination dans les lieux publics ainsi que la fin de la violation de leur droit à la liberté de parole et de réunion. De ce fait, le mouvement s'exprime par divers moyens de protestation : manifestations et défilés populaires, provocations à l'emprisonnement de masse (jail-in), manifestations dans l'eau des piscines (wade-in) ou à genoux dans les églises (kneel-in) ainsi que le boycott. Les provocations à l'arrestation aboutissent à des centaines d'emprisonnements ; juristes, ouvriers, domestiques, retraités, adolescents et professeurs sont enfermés, parmi lesquels se trouvent Martin Luther King. En effet, celui-ci est emprisonné pour avoir défilé sans autorisation et pour avoir troublé l'ordre public et refusé de circuler. Ce sont donc de petits délits qui provoquent l'emprisonnement de centaines de noirs provenant de tous les milieux sociaux, afin de dénoncer au monde entier la ténacité avec laquelle les autorités blanches tiennent au système ségrégationniste. Le jail-in, appliqué en masse durant le mouvement d'Albany, induit un refus de payer la caution proposée pour quitter la prison et d'accomplir sa peine sans faire appel. Les procédures judiciaires volontairement longues et les lourdes amendes que donnent les autorités blanches ont en effet été un moyen d'essayer de mettre un terme au mouvement. Martin Luther King est notamment condamné à quarante-cinq jours de prison qu'il annonce vouloir purger jusqu’au paiement de sa caution par un inconnu. Cette thèse reste néanmoins réfutée par le révérend qui croît plutôt à une ruse de la part de la police. En tout, ce sont 5% de la population noire d'Albany qui ont recours au jail-in, mais aussi 95% qui boycottent bus et commerces, ce qui porte un coup sévère à certains commerçants contraints de déposer le bilan. Le président Kennedy intervient afin d'engager le dialogue entre la commune d'Albany et les représentants de la communauté noire. Le mouvement obtient ainsi l'inscription des noirs sur les listes électorales ce qui aboutit à l'élection d'un gouverneur modéré face à un ségrégationniste même si la ségrégation est encore effective aux comptoirs de restauration.

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