Arrestation du leader par la police après une prière collective, 1962, Beaumont. |
Le
mouvement d'Albany naît en 1961 dans l'Etat de Géorgie. Le
mouvement n'est pas l'œuvre de Martin Luther King, mais du Dr W. G
Anderson. C'est donc la preuve que le mouvement de Montgomery,
instigué par le pasteur en 1955, a permis l'avènement de plusieurs
mouvements locaux, comme celui d'Albany, mais aussi comme celui
d'Atlanta ou les freedom
rides
et ce, malgré l'élection du démocrate Kennedy qui a lancé une
campagne prudente en faveur des droits civiques. Son accession à la
Maison Blanche a notamment été possible grâce au vote des noirs.
La ville sudiste d'Albany compte 26 000 noirs en 1961. Outre la fin
de la ségrégation au sein des écoles,
ils demandent la fin du déni
de leur droit de vote,
la fin
de la discrimination dans les lieux publics ainsi
que la fin
de la violation de leur droit à la liberté de parole et de réunion.
De ce fait, le mouvement s'exprime par divers moyens de protestation
: manifestations
et défilés populaires, provocations
à l'emprisonnement de masse (jail-in), manifestations
dans l'eau des piscines (wade-in)
ou à genoux
dans les églises (kneel-in)
ainsi que le boycott.
Les provocations à l'arrestation aboutissent à des centaines
d'emprisonnements ; juristes, ouvriers, domestiques, retraités,
adolescents et professeurs sont enfermés, parmi lesquels se trouvent
Martin Luther King. En effet, celui-ci est emprisonné pour avoir
défilé sans autorisation et pour avoir troublé l'ordre public et
refusé de circuler. Ce sont donc de petits délits qui provoquent
l'emprisonnement de centaines de noirs provenant de tous
les milieux sociaux,
afin de dénoncer au monde entier la ténacité avec laquelle les
autorités blanches tiennent au système ségrégationniste.
Le jail-in,
appliqué en masse durant le mouvement d'Albany, induit un refus de
payer la caution proposée pour quitter la prison et d'accomplir sa
peine sans faire appel. Les procédures
judiciaires volontairement longues et
les lourdes
amendes que
donnent les autorités blanches ont en effet été un moyen d'essayer
de mettre un terme au mouvement. Martin Luther King est notamment
condamné à quarante-cinq jours de prison qu'il annonce vouloir
purger jusqu’au paiement de sa caution par un inconnu. Cette thèse
reste néanmoins réfutée par le révérend qui croît plutôt à
une ruse de la part de la police. En tout, ce sont 5%
de la population noire d'Albany qui ont recours au jail-in,
mais aussi 95%
qui boycottent bus et commerces,
ce qui porte un coup sévère à certains commerçants
contraints de déposer le bilan.
Le président Kennedy intervient afin d'engager le dialogue entre la
commune d'Albany et les représentants de la communauté noire. Le
mouvement obtient ainsi l'inscription
des noirs sur les listes électorales
ce qui aboutit à l'élection
d'un gouverneur modéré face
à un ségrégationniste même si la
ségrégation est encore effective aux comptoirs de restauration.
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