ATTENBOROUGH
Richard, Gandhi,
International Film Investors, National Film Development Corporation
of India, Goldcrest Films International, Indo-British Films,
Carolina Bank, 1982.
Reportages :
LARRIAGA
Gilbert, Pas
de miracle en Alabama,
RADIODIFFUSION TELEVISION FRANCAISE, 1963.
INCONNU,
Richesse
et misère en Inde sous le joug britannique,
FRANCE ACTUALITE, 1943.
Martin
Luther King provient d'une famille de pasteurs, et il le devient
lui-même en s'installant à Montgomery. Profondément croyant, la
Bible
a été pour lui le socle qui lui a permis de prêcher l'espoir (le
peuple de Moise, asservi par Pharaon, quitte l'Egypte pour la « Terre
Nouvelle ») et l'amour de l'ennemi (Aime ton prochain). Gandhi,
qui allie amour de l'autre et non-violence, théorisée par Thoreau
est un modèle politique pour King, sur lequel il s'appuie lors de
son combat pour les droits civiques. Ainsi, le boycott à Montgomery,
les sit-in
à Atlanta, les manifestations, les marches pacifiques et la
provocation à l'arrestation constituent des méthodes de résistance
pacifique. Mais ces techniques de contestation, toujours restées
non-violentes ont été victimes de la violence de ses détraqueurs :
en premier lieu, celle de la police, qui réprime violemment la
contestation au système ségrégationniste, allant jusqu’à noyer
les militants ou les exposant volontairement au soleil. La société
blanche, conservatrice et réfractaire à toute intégration des
noirs réagit plus violemment que la police car elle agit dans
l'ombre et dans la complaisance des autorités : le Ku Klux Klan,
mouvement d'extrême-droite affirmant la suprématie des blancs,
assassine notamment une blanche adhérant au mouvement. D'autres
blancs battent et commettent des attentats déjoués contre Martin
Luther King, jusque son assassinat, commis par un blanc. Enfin, une
partie de la société noire, fissurée entre plusieurs mouvements
dont le nationalisteBlack
Muslims,
réfute la non-violence et préfère répondre par la violence à la
violence de la société Blanche. Il n'est pas question d'une
intégration à la société blanche mais une demande d'une société
noire, à part, bénéficiant des mêmes droits que les blancs. Le
Mouvement pour les droits civiques obtient la fin de la ségrégation
à travers le Civil
Rights Act,
signé en 1964 par le président Jonhson en présence de Martin
Luther King, puis grâce auVoting
Rights Act,
un an plus tard, qui garantit à tous les noirs de voter. L'élection
du premier président noir des Etats-Unis, le 8 Novembre 2008,
s'inscrit dans la lignée du progrès de la question raciale aux
Etats-Unis. Barack Obama installe d'ailleurs, dans son bureau, un
buste de Martin Luther King et la proclamation d'émancipation des
noirs de Lincoln qui, en 1863, mit fin à l'asservissement de ces
derniers. Mais le meurtre de Travyon Martin en 2012 par un
surveillant de résidences qui soupçonnait l'adolescent, en raison
de sa couleur de peau, d'être un délinquant, repose la question
raciale aux Etats-Unis. Barack Obama confesse d'ailleurs« Si
j'avais un fils, il ressemblerait à Trayvon ».
Le
militantismenon-violent
contre la ségrégationa
ététrès
mal accueilli par la société civile blanche ou noiretout
comme par les autorités sudistes. Ainsi,chiens,lances
à eau,matraque,gaz
lacrymogèneetarrestations
multiplesont
été utilisés par la policeafin
de contrer le mouvement. L'oppositionde
certaines communautés noires au mouvement pacifique s'est faite à
travers la rhétorique,
notamment celle deMalcolm
Xetdu
prêche de sadoctrineviolente,
afin de créer un mouvement différent de celui de Martin Luther
King, maisformulant
les mêmes demandes. Enfin, la sociétéBlanche,
agissant dans l'impunité, car soutenue par desautoritésencore
ségrégationnistes, a usé de l'attentat
à la bombeà
de multiples reprises.L'acide
chlorhydriqueet
laviolence
physiquemais
également deschaîneset
desbattes
de baseballdans
le cadre desFreedomrides
ont été utilisés, tout comme l'assassinat,
tel celui de Viola Liuzzo, militante blanche durant les Marches entre
Birmingham et Selma par leKu
Klux Klan,
ou enfin celui de Martin Luther King.
" Je sais qu'il m'est souvent arrivé de souhaiter qu'il parle moins de violence, car ce n'est pas la violence qui va résoudre notre problème. Et avec ses litanies sur le désespoir du Noir qui excluent toute solution de rechange positive et imaginative, j'ai l'impression que Malcolm se rend à lui-même ainsi qu'à notre peuple un bien mauvais service. Les discours fougueux, démagogiques, qu'il prononce dans les ghettos noirs, pour presser les Noirs de s'armer, de se préparer à utiliser la violence, comme il le fait, ne pourront entraîner que des malheurs ".
Martin
Luther King au sujet de Malcolm X dans son autobiographie,
1964.
Afin
de dénoncer le discours de MalcolmX,
Martin Luther King use d'unchamp
lexical particulièrement dépréciatif:
on trouveplusieurs
occurrences des termes« violence »,« litanies » ,« problème »,
« désespoir », « excluent », « démagogiques »,
« s'armer », « malheur »afin
de traduire le contre-courant qu’incarne Malcolm X.King
accentuesa
position et son jugement contraire à celui de Malcolm X à travers
l'usage du pronom possessif « notre » quiaffirme
queles
noirspâtiront
de la doctrine de Malcolm X.L'usage
du futur (« pourront ») à la dernière phrase porte
unevaleur
prophétique tandis que le présent (« n'est »,
« excluent », « se rend »)est
de vérité générale. Ainsi,Martin
Luther King compte tenirun
meilleur discours que Malcolm X.L'adverbe
« bien », formant un oxymore avec
« mauvais »
vise àaccentuerle
désaccordde
philosophies desdeux
militants.En
effet,Malcolm
Xprône
la violenceen
réaction àla
violencedont
use la société blanche alors que Martin LutherKing
prêche la non-violence et l'amour de son ennemi.
Ouverture du biopic Malcolm X réalisé par Spike Lee en 1992.
Cette première séquence du film laisse voir un drapeau américain se consumer, puis se transformer en X, traduisant ainsi le rejet de l'Amérique que prêche Malcolm X. Une Amérique qui ne fait pas vivre le rêve américain, mais le cauchemar américain à ses citoyens Noirs. Le discours s'appuie, durant sa première partie, de l'anaphore J'accuse ( anaphore créee par Zola, en 1898, à l'occasion de l'affaire Dreyfus ) qui accable l'homme Blanc d'être un assassin et un kidnappeur par deux fois, de semer le chaos, la destruction, d'être un voleur, un esclavagiste, un mangeur de porcs ( pratique prohibée en Islam. Malcolm X s'adresse aux adeptes musulmans de Nation of Islam en êtant lui-même musulman ) et d'être un ivrogne ( consommation d'alcool prohibée dans l'Islam ). Malcolm X interpelle son auditoire au moyen des pronoms personnels " vous " et" tu ", mais également en se prenant en exemple : je ne suis pas américain. Le Noir est victime de l'Amérique, n'a pas connu la démocratie mais l'hypocrisie. La vidéo amateur du lynchage d'un noir par des policiers fait également partie de la dénonciation de " l'homme Blanc " dans cet extrait.
I Have a dream, discours prononcé à l'occasion de la Marche sur Washington, Août 1964.
Au
contraire de Malcolm X, Martin Luther King préfère se projeter dans
l'avenir afin de donner de l'espoiraux
militants à l'aide de l'anaphoreI
have a dream
: « J'ai
un rêve,que
mes quatre enfants habiteront un jour une nation où ils seront jugés
non pas par la couleur de leur peau, mais par le contenu de leur
caractère. »Les
points négatifs sont évoqués au travers de métaphoresafin
d'adoucir l'image de la ségrégation pour ne pas attiser de
rancœur:« J'ai
un rêve,qu'un
jour même l'Etat duMississippi,un
désert étouffant d'injustice et d'oppression,
sera transformé enun
oasis de liberté et de justice. »
Ici,Martin
Luthermêlemétaphoreset
antithèses(désert/injustice,oppression/liberté,injustice/liberté).
Enfin, le discours comptedes
référencesreligieuses
:« Il
est temps d'ouvrir les portes de l'opportunité à tous les enfants
de Dieu ","
la gloire du Seigneur sera révélée », « prier
ensemble »qui
évoque une entité plus grande que les hommes et devant qui ils sont
petits et égaux.
Cette
opposition des philosophies des deux militants de la cause noire
s'est illustrée par des jets d'œufs de la part des militants
desBlack
Muslimssur
Martin Luther Kingce
qui ne les a pas empêché de se rencontrer à Washington en 1964.
Malcolm X, dont le père a été assassiné par des membres duKu
Klux Klan,
dont la maison fut incendiée par la même organisation et dont la
grand-mère a été violée par un homme blanc, fut membre de la
pègre puis membre deNation
of Islam(organisation
mêlant Islam au nationalisme noir). Il préfère répondre à la
violence par la violence en évoquantla loi du tallion plutôt
que la non-violence de Martin Luther King. Malcolm X tout comme
Martin Luther Kingest
tué par un extrémisteen 1965, non pasblanc
mais noir.
Blanc brandissant une pancarte " La ségrégation pour toujours ", St-Augustine,auteur inconnu 1964.
Dès
1956, lors du mouvement de Montgomery, jusqu’en 1968, où Martin
Luther King est assassiné par un ségrégationniste blanc, le
Mouvement pour les droits civiques n'a eu de cesse d'être bousculé
par de violentes réactions de la société blanche et
ségrégationniste malgré la marche sur Washington de 1963 où
défilent noirs et blancs, et malgré lesfreedom
rides
où des membres des deux communautés voyagent ensemble. Le 30
Janvier 1956, unattentat
à la bombe a lieu au domicile de Martin Luther King
où se trouve sa femme Coretta King, ainsi que leur enfant. Lors du
mouvement de Birmingham,
le 15 Septembre 1963, quatre
petites filles noirespérissent
dans un nouvelattentat
à la bombedans
une église baptiste. Le 11 mai de la même année, le révérend
échappe lui-même à unnouvel
attentat au Gaston Motel
où il séjourne durant le mouvement. Robert Kennedy décide de
l'envoi de la garde nationale suite à ce nouvel incident.
Blanc versant de l'acide chlorhydrique dans une piscine occupée par des Noirs, St-Augustine, Alabama, 1964.
Mais
les attaques n'ont pas seulement lieu contre le militant. En effet,
lors du mouvement de St-Augustine de 1964 précédemment abordé, un
hôtelier verse de l'acide
chlorhydrique dans
la piscine qu'occupent des Noirs.
Selon
un habitant de Birmingham, l'usage de chiens et de jets d'eau à
l'encontre de manifestants se justifie par une nécessité de
« contenir la foule » afin de ne pas aboutir à de
nouvelles violences. Martin Luther King déplore l'immobilité du FBI
qui n'a pas su élucider l'attentat à l'encontre de l'hôtel où il
séjournait. Les partisans du dialogue entre noirs et blancs, tel Mr
Smiles, homme d'affaires, sont menacés par desextrémistes
blancs.
La communauté Blanche est interviewée par le journaliste afin de
dégager les principaux facteurs du rejet de la déségrégation :
-
lemythenoir:
le Noir seraitparesseuxetincapable:"
ils feraient mieux de s'aider eux-mêmes que d'attendre que le poulet
leur tombe tout rôti dans la bouche ".
-coutume
sudistequi
interdit le mélange entre Noirs et Blancs.
-
maintien d'uneinfériorité
des Noirs.
-la
couleur de peau.
-laBibles'opposerait
à l'intégration des Noirs dans la société.
-
les enfants, ayant reçu uneéducationanti
noirs
ne savent pas pourquoi ils ne veulent pas aller à l'école avec des
Noirs.
-
le maire de Birmingham évoque l' « intégration
forcée »
instiguée par le Mouvement pour les droits civiques : les blancs se
seraient occupés des noirs, le gouvernement fédéral (référence
au travail des Kennedy en faveur des droits civiques) ne devraient
pas s'immiscer dans les affaires locales, les noirs seraienttrop
différents politiquement et moralement.
Ils auraient desenfants
illégitimeset
seraient porteurs demaladies
vénériennes.
Le maire poursuit en affirmant qu'ils n'ontpas
d'ambition et de responsabilités.
Il conclut en disant qu’il leur faut prouver à la société
blanche qu'ils méritent l'égalité.
Enfin,
le 4 Avril 1968, à Memphis,Martin
Luther King est abattu
d'une balle dans la têteau
balcon de son hôtel. Une journée de deuil nationalest
décrétée.James
Earl Ray plaidecoupable.
Il est
condamné à 99 années d'emprisonnement.La
théorie de la conspiration soutient que le meurtre aurait été
commandé par des agences fédérales. La mort dumilitant
pacifiste provoque des émeutespopulaires
à travers le pays.
James Earl Ray, date et auteur inconnu.
Enfin,
le 4 Avril 1968, à Memphis,Martin
Luther King est abattu
d'une balle dans la têteau
balcon de son hôtel. Une journée de deuil nationalest
décrétée.James
Earl Ray plaidecoupable.
Il est
condamné à 99 années d'emprisonnement.La
théorie de la conspiration soutient que le meurtre aurait été
commandé par des agences fédérales. La mort dumilitant
pacifiste provoque des émeutespopulaires
à travers le pays.
Chien attaquant un manifestant, Birmingham, 1963, Moore.
Manifestant réprimés par un jet d'eau, Birmingham, 1963, Moore.
La
méthode de la non-violence n'a pas eu que des réponses pacifiques.
Bien au contraire, la police n'a eu de cesse de répliquer avec
brutalité. Deschienset
desjets
d'eau à haute pressiondéchirant
les vêtements et capables de projeter les protestataires ont été
utilisés afin de réprimer les manifestations
pacifiques à Birmingham de 1963.
Ces actes, relayés par les médias à une échellenationale
et internationale,ont
permis de créer uneplus
large sympathiepour
le Mouvement des droits civiques.
Ce
reportage, provenant des archives de l'Etat de Floride, a été
tourné lors du mouvement de St-Augustine, en 1964. Ici, on voit des
Noirs vouloir se baigner àButler
Beach,
une plage uniquement réservée aux Blancs. Ces derniers défient les
Noirs afin de les encourager à entrer dans l'eau jusqu’à
l'engagement d'une répression àcoups
de matraquesde
la part des policiers. Les témoignages attestent que certains
manquent dese
noyer
et, lors du mouvement de St-Augustine, des militants le sont par la
police pendant que d'autres sont arrêtés etemprisonnés
sous un soleil de plomb(le
mouvement a lieu en Floride, entre les mois de mai et juin). Certains
commentaires sont ségrégationnistes mais d'autres ne le sont pas.
On entend notamment la voix de Martin Luther King. Une marche a lieu
le soir-même dans les rues de St-Augustine que perturbe
volontairementla
communauté blanche enfrappant
certains militants.
Un manifestant battu par la police locale lors de la marche entre Selma et Montgomery, 1964.
La
même année, des marches sont organisées entre Selma et Montgomery,
deux villes du sud des Etats-Unis, dans l'Etat de l'Alabama. Le 7
Mars 1964, que l'on retient comme le Bloody
sunday,
atteste d'une violente répression policière contre 600 militants
pacifiques au moyen degaz
lacrymogèneet
de matraques.
Seule la troisième marche arrive à Montgomery le 25 Mars 1964.
II. Les obstacles aux actions menées par le mouvement pour les Droits Civiques. Quels obstacles a t-il rencontré? A. La répression policière. B. Réactions de la société blanche. C. L'opposition des Black Muslims menée par Malcolm X.
Leboycottde
la compagnie d'autobus de Montgomery, entamé en 1955 et achevé un
an plus tard, a permis la fin de la ségrégation au sein de ces
lignes. Cette première victoire a permis auxsit-indes
comptoirs de restauration de voir le jour à Atlanta en 1960 tout
comme les voyages de la liberté, lesfreedom
rides,
qui traversent les Etats en bus. Enfin, le mouvement
d'Albany,combinantboycott,manifestations,désobéissance
civile (provocation
à l'arrestation) et les dérivés dusit-in(kneel-in,wave-in),
obtient l'inscription des noirs sur les listes électorales et permet
ainsi l'élection d'un gouverneur modéré au lieu d'un franc
ségrégationniste. L'ensemble de ces actions n'ont inclus aucune
violence, le militant prêchant ainsi à sa communauté la méthode
de lanon-violenceempruntée
à Gandhi. Bien que le mouvement pour les droits civiques soit restés
non-violent, ses opposants ont empruntés une toute autre méthode.