samedi 9 février 2013

Bibliographie.

Ouvrages :
  • FRAIN Irène, Gandhi, la liberté en marche, Timée-Edtions, Boulogne, 2007, 139 pages.
  • LASSIER Suzanne, Gandhi et la non-violence, collection Maîtres spirituels aux éditions du Seuil, Paris, 1970, 190 pages.
  • DROZ Benard, ROWLEY Anthony, Histoire générale du XXe siècle, tome 3 : Expansion et indépendances, 1950-1973, Points, Paris, 1987, 517 pages.
  • CAROL Anne, GUARRIGUES Jean, IVERNEL Martin, Histoire générale du XXème siècle, Hatier, Paris, 1997, 511 pages.
  • KING Martin Luther ( textes réunis par Clayborne CARSON ), Autobiographie, Bayard, Paris, 2008, 480 pages.
  • KING Martin Luther, Je fais un rêve, Bayard, Paris, 1987, 251 pages.

Articles :

Films :
  • LEE Spike, Malcolm X, Warner Bross, 1993.
  • ATTENBOROUGH Richard, Gandhi, International Film Investors, National Film Development Corporation of India, Goldcrest Films International, Indo-British Films, Carolina Bank, 1982.

Reportages :
  • LARRIAGA Gilbert, Pas de miracle en Alabama, RADIODIFFUSION TELEVISION FRANCAISE, 1963.
  • INCONNU, Richesse et misère en Inde sous le joug britannique, FRANCE ACTUALITE, 1943.

      Radio :
  • VILA Véronique, Gandhi, RADIO FRANCE, 2013.

samedi 26 janvier 2013

Conclusion générale.

Martin Luther King provient d'une famille de pasteurs, et il le devient lui-même en s'installant à Montgomery. Profondément croyant, la Bible a été pour lui le socle qui lui a permis de prêcher l'espoir (le peuple de Moise, asservi par Pharaon, quitte l'Egypte pour la « Terre Nouvelle ») et l'amour de l'ennemi (Aime ton prochain). Gandhi, qui allie amour de l'autre et non-violence, théorisée par Thoreau est un modèle politique pour King, sur lequel il s'appuie lors de son combat pour les droits civiques. Ainsi, le boycott à Montgomery, les sit-in à Atlanta, les manifestations, les marches pacifiques et la provocation à l'arrestation constituent des méthodes de résistance pacifique. Mais ces techniques de contestation, toujours restées non-violentes ont été victimes de la violence de ses détraqueurs : en premier lieu, celle de la police, qui réprime violemment la contestation au système ségrégationniste, allant jusqu’à noyer les militants ou les exposant volontairement au soleil. La société blanche, conservatrice et réfractaire à toute intégration des noirs réagit plus violemment que la police car elle agit dans l'ombre et dans la complaisance des autorités : le Ku Klux Klan, mouvement d'extrême-droite affirmant la suprématie des blancs, assassine notamment une blanche adhérant au mouvement. D'autres blancs battent et commettent des attentats déjoués contre Martin Luther King, jusque son assassinat, commis par un blanc. Enfin, une partie de la société noire, fissurée entre plusieurs mouvements dont le nationaliste Black Muslims, réfute la non-violence et préfère répondre par la violence à la violence de la société Blanche. Il n'est pas question d'une intégration à la société blanche mais une demande d'une société noire, à part, bénéficiant des mêmes droits que les blancs. Le Mouvement pour les droits civiques obtient la fin de la ségrégation à travers le Civil Rights Act, signé en 1964 par le président Jonhson en présence de Martin Luther King, puis grâce au Voting Rights Act, un an plus tard, qui garantit à tous les noirs de voter. L'élection du premier président noir des Etats-Unis, le 8 Novembre 2008, s'inscrit dans la lignée du progrès de la question raciale aux Etats-Unis. Barack Obama installe d'ailleurs, dans son bureau, un buste de Martin Luther King et la proclamation d'émancipation des noirs de Lincoln qui, en 1863, mit fin à l'asservissement de ces derniers. Mais le meurtre de Travyon Martin en 2012 par un surveillant de résidences qui soupçonnait l'adolescent, en raison de sa couleur de peau, d'être un délinquant, repose la question raciale aux Etats-Unis. Barack Obama confesse d'ailleurs « Si j'avais un fils, il ressemblerait à Trayvon ».


Conclusion partie 3.

Le militantisme non-violent contre la ségrégation a été très mal accueilli par la société civile blanche ou noire tout comme par les autorités sudistes. Ainsi, chiens, lances à eau, matraque, gaz lacrymogène et arrestations multiples ont été utilisés par la police afin de contrer le mouvement. L'opposition de certaines communautés noires au mouvement pacifique s'est faite à travers la rhétorique, notamment celle de Malcolm X et du prêche de sa doctrine violente, afin de créer un mouvement différent de celui de Martin Luther King, mais formulant les mêmes demandes. Enfin, la société Blanche, agissant dans l'impunité, car soutenue par des autorités encore ségrégationnistes, a usé de l'attentat à la bombe à de multiples reprises. L'acide chlorhydrique et la violence physique mais également des chaînes et des battes de baseball dans le cadre des Freedom rides ont été utilisés, tout comme l'assassinat, tel celui de Viola Liuzzo, militante blanche durant les Marches entre Birmingham et Selma par le Ku Klux Klan, ou enfin celui de Martin Luther King.

III. C. L'opposition des Black Muslims menée par Malcolm X.

" Je sais qu'il m'est souvent arrivé de souhaiter qu'il parle moins de violence, car ce n'est pas la violence qui va résoudre notre problème. Et avec ses litanies sur le désespoir du Noir qui excluent toute solution de rechange positive et imaginative, j'ai l'impression que Malcolm se rend à lui-même ainsi qu'à notre peuple un bien mauvais service. Les discours fougueux, démagogiques, qu'il prononce dans les ghettos noirs, pour presser les Noirs de s'armer, de se préparer à utiliser la violence, comme il le fait, ne pourront entraîner que des malheurs ".
Martin Luther King au sujet de Malcolm X dans son autobiographie, 1964.

Afin de dénoncer le discours de Malcolm X, Martin Luther King use d'un champ lexical particulièrement dépréciatif : on trouve plusieurs occurrences des termes « violence », «  litanies » , « problème », « désespoir », « excluent », « démagogiques », « s'armer », « malheur » afin de traduire le contre-courant qu’incarne Malcolm X. King accentue sa position et son jugement contraire à celui de Malcolm X à travers l'usage du pronom possessif « notre » qui affirme que les noirs pâtiront de la doctrine de Malcolm X. L'usage du futur (« pourront ») à la dernière phrase porte une valeur prophétique tandis que le présent (« n'est », « excluent », « se rend ») est de vérité générale. Ainsi, Martin Luther King compte tenir un meilleur discours que Malcolm X. L'adverbe « bien », formant un oxymore avec « mauvais » vise à accentuer le désaccord de philosophies des deux militants. En effet, Malcolm X prône la violence en réaction à la violence dont use la société blanche alors que Martin Luther King prêche la non-violence et l'amour de son ennemi.

 

 Ouverture du biopic Malcolm X réalisé par Spike Lee en 1992. 

Cette première séquence du film laisse voir un drapeau américain se consumer, puis se transformer en X, traduisant ainsi le rejet de l'Amérique que prêche Malcolm X. Une Amérique qui ne fait pas vivre le rêve américain, mais le cauchemar américain à ses citoyens Noirs. Le discours s'appuie, durant sa première partie, de l'anaphore J'accuse ( anaphore créee par Zola, en 1898, à l'occasion de l'affaire Dreyfus ) qui accable l'homme Blanc d'être un assassin et un kidnappeur par deux fois, de semer le chaos, la destruction, d'être un voleur, un esclavagiste, un mangeur de porcs ( pratique prohibée en Islam. Malcolm X s'adresse aux adeptes musulmans de Nation of Islam en êtant lui-même musulman ) et d'être un ivrogne ( consommation d'alcool prohibée dans l'Islam ). Malcolm X interpelle son auditoire au moyen des pronoms personnels " vous " et " tu ", mais également en se prenant en exemple :  je ne suis pas américain. Le Noir est  victime de l'Amérique, n'a pas connu la démocratie mais l'hypocrisie. La vidéo amateur du lynchage d'un noir par des policiers fait également partie de la dénonciation de " l'homme Blanc " dans cet extrait.

 I Have a dream, discours prononcé à l'occasion de la Marche sur Washington, Août 1964.

Au contraire de Malcolm X, Martin Luther King préfère se projeter dans l'avenir afin de donner de l'espoir aux militants à l'aide de l'anaphore I have a dream : « J'ai un rêve, que mes quatre enfants habiteront un jour une nation où ils seront jugés non pas par la couleur de leur peau, mais par le contenu de leur caractère. » Les points négatifs sont évoqués au travers de métaphores afin d'adoucir l'image de la ségrégation pour ne pas attiser de rancœur : « J'ai un rêve, qu'un jour même l'Etat du Mississippi, un désert étouffant d'injustice et d'oppression, sera transformé en un oasis de liberté et de justice. » Ici, Martin Luther mêle métaphores et antithèses (désert/injustice, oppression/liberté, injustice/liberté). Enfin, le discours compte des références religieuses : « Il est temps d'ouvrir les portes de l'opportunité à tous les enfants de Dieu ", " la gloire du Seigneur sera révélée », « prier ensemble » qui évoque une entité plus grande que les hommes et devant qui ils sont petits et égaux.

Cette opposition des philosophies des deux militants de la cause noire s'est illustrée par des jets d'œufs de la part des militants des Black Muslims sur Martin Luther King ce qui ne les a pas empêché de se rencontrer à Washington en 1964. Malcolm X, dont le père a été assassiné par des membres du Ku Klux Klan, dont la maison fut incendiée par la même organisation et dont la grand-mère a été violée par un homme blanc, fut membre de la pègre puis membre de Nation of Islam (organisation mêlant Islam au nationalisme noir). Il préfère répondre à la violence par la violence en évoquant la loi du tallion plutôt que la non-violence de Martin Luther King. Malcolm X tout comme Martin Luther King est tué par un extrémiste en 1965, non pas blanc mais noir.

 

III. B. Réactions de la société civile blanche et ses raisons..

Blanc brandissant une pancarte " La ségrégation pour toujours ", St-Augustine, auteur inconnu 1964.

Dès 1956, lors du mouvement de Montgomery, jusqu’en 1968, où Martin Luther King est assassiné par un ségrégationniste blanc, le Mouvement pour les droits civiques n'a eu de cesse d'être bousculé par de violentes réactions de la société blanche et ségrégationniste malgré la marche sur Washington de 1963 où défilent noirs et blancs, et malgré les freedom rides où des membres des deux communautés voyagent ensemble. Le 30 Janvier 1956, un attentat à la bombe a lieu au domicile de Martin Luther King où se trouve sa femme Coretta King, ainsi que leur enfant. Lors du mouvement de Birmingham,  le 15 Septembre 1963, quatre petites filles noires périssent dans un nouvel attentat à la bombe dans une église baptiste. Le 11 mai de la même année, le révérend échappe lui-même à un nouvel attentat au Gaston Motel où il séjourne durant le mouvement. Robert Kennedy décide de l'envoi de la garde nationale suite à ce nouvel incident.


Blanc versant de l'acide chlorhydrique dans une piscine occupée par des Noirs, St-Augustine, Alabama, 1964.
 
Mais les attaques n'ont pas seulement lieu contre le militant. En effet, lors du mouvement de St-Augustine de 1964 précédemment abordé, un hôtelier verse de l'acide chlorhydrique dans la piscine qu'occupent des Noirs.
   

Selon un habitant de Birmingham, l'usage de chiens et de jets d'eau à l'encontre de manifestants se justifie par une nécessité de « contenir la foule » afin de ne pas aboutir à de nouvelles violences. Martin Luther King déplore l'immobilité du FBI qui n'a pas su élucider l'attentat à l'encontre de l'hôtel où il séjournait. Les partisans du dialogue entre noirs et blancs, tel Mr Smiles, homme d'affaires, sont menacés par des extrémistes blancs. La communauté Blanche est interviewée par le journaliste afin de dégager les principaux facteurs du rejet de la déségrégation :
- le mythe noir : le Noir serait paresseux et incapable : "  ils feraient mieux de s'aider eux-mêmes que d'attendre que le poulet leur tombe tout rôti dans la bouche ". 
- coutume sudiste qui interdit le mélange entre Noirs et Blancs.
- maintien d'une infériorité des Noirs.
- la couleur de peau.  
- la Bible s'opposerait à l'intégration des Noirs dans la société.
- les enfants, ayant reçu une éducation anti noirs ne savent pas pourquoi ils ne veulent pas aller à l'école avec des Noirs.
- le maire de Birmingham évoque l' « intégration forcée » instiguée par le Mouvement pour les droits civiques : les blancs se seraient occupés des noirs, le gouvernement fédéral (référence au travail des Kennedy en faveur des droits civiques) ne devraient pas s'immiscer dans les affaires locales, les noirs seraient trop différents politiquement et moralement. Ils auraient des enfants illégitimes et seraient porteurs de maladies vénériennes. Le maire poursuit en affirmant qu'ils n'ont pas d'ambition et de responsabilités. Il conclut en disant qu’il leur faut prouver à la société blanche qu'ils méritent l'égalité.
Enfin, le 4 Avril 1968, à Memphis, Martin Luther King est abattu d'une balle dans la tête au balcon de son hôtel. Une journée de deuil national est décrétée. James Earl Ray plaide coupable. Il est condamné à 99 années d'emprisonnement. La théorie de la conspiration soutient que le meurtre aurait été commandé par des agences fédérales. La mort du militant pacifiste provoque des émeutes populaires à travers le pays.

James Earl Ray, date et auteur inconnu.
  
Enfin, le 4 Avril 1968, à Memphis, Martin Luther King est abattu d'une balle dans la tête au balcon de son hôtel. Une journée de deuil national est décrétée. James Earl Ray plaide coupable. Il est condamné à 99 années d'emprisonnement. La théorie de la conspiration soutient que le meurtre aurait été commandé par des agences fédérales. La mort du militant pacifiste provoque des émeutes populaires à travers le pays.

jeudi 24 janvier 2013

III. A. La répression policière.

Chien attaquant un manifestant, Birmingham, 1963, Moore.
Manifestant réprimés par un jet d'eau, Birmingham, 1963, Moore.
La méthode de la non-violence n'a pas eu que des réponses pacifiques. Bien au contraire, la police n'a eu de cesse de répliquer avec brutalité. Des chiens et des jets d'eau à haute pression déchirant les vêtements et capables de projeter les protestataires ont été utilisés afin de réprimer les manifestations pacifiques à Birmingham de 1963. Ces actes, relayés par les médias à une échelle nationale et internationale, ont permis de créer une plus large sympathie pour le Mouvement des droits civiques. 


Ce reportage, provenant des archives de l'Etat de Floride, a été tourné lors du mouvement de St-Augustine, en 1964. Ici, on voit des Noirs vouloir se baigner à Butler Beach, une plage uniquement réservée aux Blancs. Ces derniers défient les Noirs afin de les encourager à entrer dans l'eau jusqu’à l'engagement d'une répression à coups de matraques de la part des policiers. Les témoignages attestent que certains manquent de se noyer et, lors du mouvement de St-Augustine, des militants le sont par la police pendant que d'autres sont arrêtés et emprisonnés sous un soleil de plomb (le mouvement a lieu en Floride, entre les mois de mai et juin). Certains commentaires sont ségrégationnistes mais d'autres ne le sont pas. On entend notamment la voix de Martin Luther King. Une marche a lieu le soir-même dans les rues de St-Augustine que perturbe volontairement la communauté blanche en frappant certains militants.


Un manifestant battu par la police locale lors de la marche entre Selma et Montgomery, 1964.
La même année, des marches sont organisées entre Selma et Montgomery, deux villes du sud des Etats-Unis, dans l'Etat de l'Alabama. Le 7 Mars 1964, que l'on retient comme le Bloody sunday, atteste d'une violente répression policière contre 600 militants pacifiques au moyen de gaz lacrymogène et de matraques. Seule la troisième marche arrive à Montgomery le 25 Mars 1964.


Présentation partie III.

II. Les obstacles aux actions menées par le mouvement pour les Droits Civiques.
Quels obstacles a t-il rencontré?

A. La répression policière.
B. Réactions de la société blanche.
C. L'opposition des Black Muslims menée par Malcolm X.

Conclusion et transition partie 2.

Le boycott de la compagnie d'autobus de Montgomery, entamé en 1955 et achevé un an plus tard, a permis la fin de la ségrégation au sein de ces lignes. Cette première victoire a permis aux sit-in des comptoirs de restauration de voir le jour à Atlanta en 1960 tout comme les voyages de la liberté, les freedom rides, qui traversent les Etats en bus. Enfin, le mouvement d'Albany, combinant boycott, manifestations, désobéissance civile (provocation à l'arrestation) et les dérivés du sit-in (kneel-in, wave-in), obtient l'inscription des noirs sur les listes électorales et permet ainsi l'élection d'un gouverneur modéré au lieu d'un franc ségrégationniste. L'ensemble de ces actions n'ont inclus aucune violence, le militant prêchant ainsi à sa communauté la méthode de la non-violence empruntée à Gandhi. Bien que le mouvement pour les droits civiques soit restés non-violent, ses opposants ont empruntés une toute autre méthode.