A. Les références bibliques du révérend dans ses discours.

Nombreuses sont les références à la Bible dans les discours, écrits et lettres personnels de Martin Luther King. Ainsi, le 3 Avril 1968, le révérend prononce, à la veille de son assassinat à Memphis, son dernier sermon :  Je vois la Terre Promise  :
 

« Eh bien, je ne sais pas ce qui va arriver maintenant. Nous avons devant nous des journées difficiles. Mais peu m'importe ce qui va m'arriver maintenant, car je suis allé jusqu'au sommet de la montagne. Je ne m'inquiète plus. Comme tout le monde, je voudrais vivre longtemps. La longévité a son prix. Mais je ne m'en soucie guère maintenant. Je veux simplement que la volonté de Dieu soit faite. Et il m'a permis d'atteindre le sommet de la montagne. l'ai regardé autour de moi. Et j'ai vu la Terre promise. Il se peut que je n'y pénètre pas avec vous. Mais je veux vous faire savoir, ce soir, que notre peuple atteindra la Terre promise. Ainsi je suis heureux, ce soir. Je ne m'inquiète de rien. Je ne crains aucun homme. Mes yeux ont vu la gloire de la venue du Seigneur. »  

Extrait de La Terre Promise, discours prononcé le 3 Avril 1968.

Cette allocution, au delà de l'aspect testamentaire dont elle est teintée, est emprunte de nombreuses références à la Bible, notamment par la métaphore à la Terre promise. Le révérend devient le prophète Moïse guidant le peuple noir américain jusqu'à la Terre promise, une terre qui serait, dans le contexte du combat pour les droits civiques, les Etats-Unis où noirs et blancs vivraient en paix. Le pasteur prononce le mot « Dieu », ainsi que « Seigneur », qui paraissent superviser le combat pour les droits civiques instigué par Martin Luther King. Ce dernier défend aussi des valeurs morales et religieuses comme celles de l'amour, de la justice et de la fraternité : « Tu aimeras ton prochain comme toi-même » (Lv 19,18). Dans son autobiographie, le pasteur introduit l'idée d'« évangélisme social » qui allie activités religieuses et sociales au sein de sa paroisse. Ainsi, il précise : « Je voulais tout particulièrement que chaque membre de l'église se fasse inscrire sur les listes électorales et devienne membre de la NAACP. En outre, j'ai organisé dans la paroisse un Comité d'action sociale et politique chargé d'informer intelligemment les fidèles quant à l'évolution de la situation sociale, politique et économique. Les tâches de ce comité consistaient, notamment, à convaincre les fidèles de l'importance de la NAACP, de la nécessité de s'inscrire sur les listes électorales et, pendant les élections à l'échelon de l'Etat ou de la nation, d'organiser des forums et des réunions populaires pour discuter des principales questions »( autobiographie, page 71 ). La NAACP (association nationale pour l'avancement des gens de couleur), en 1954, lutte pour l'égalité des droits entre noirs et blancs et contre la discrimination et la haine raciale. Les Noirs bénéficient du droit de vote dans les Etats du Sud mais ils sont néanmoins soumis à des tests d'écriture avant de s'inscrire sur les listes électorales afin de les en dissuader. Ainsi, à Selma, Alabama, 325 Noirs sont inscrits contre 9800 Blancs bien que la population noire soit majoritaire dans la ville.